C’est à Pétrarque que l’on doit l’expression “siècles sombres” pour définir cette période confuse qui s’étend de la fin de l’Empire romain à ce qui s’appellera ensuite la Renaissance. Une période que nous appelons Moyen- ge, sous l’influence de Vasari, qui connaît encore aujourd'hui l’infamie d’être considérée comme une ère d’obscurité artistique et intellectuelle, sans inventions et sans génies. Les anglo-saxons la nomment
Dark ages, et elle s’oppose ensuite à l’ère des lumières que sera l’Illuminisme. La connotation négative de cette période historique, qui se termine dans les manuels scolaires en 1492, avec la “découverte” de l’Amérique, est désormais largement contrée par des chercheurs, qui veulent montrer, au contraire, les progrès et les succès dans l’art et dans la pensée, mais elle persiste dans la culture populaire.
L’un des clichés concerne l’éclairage : la croyance que les gens allaient se coucher dès qu’il faisait sombre est largement répandue. Mais il n’en est rien. Pour combattre cette idée reçue est paru
L’età del lume (il Mulino), une recherche originale et intéressante de l’historienne Beatrice del Bo, professeur d'histoire économique et sociale du Moyen ge à l’Université de Milan. Une recherche qui se pose à juste titre cette question : comment éclairait-on les espaces domestiques, les lieux publics, la vie en général au cours des
dark ages? Dans cette histoire matérielle de la lumière, nous explorons le génie des artisans médiévaux dans la conception d’outils d’éclairage, l’utilisation qu’on en faisait, des maisons des seigneurs aux bibliothèques des moines, en montrant combien la possibilité d’avoir de la lumière après le coucher du soleil était aussi un symbole de statut social.