Guido Harari – Remain in Light est une exposition d’anthologie (au Mole Vanvitelliana d’Ancône, à voir jusqu’au 16 novembre) qui retrace les cinquante ans de carrière du grand photographe. Au fil des années Harari est parvenu à montrer la personne qui se cache derrière la célébrité, l’âme derrière le personnage, en pointant son objectif sur des artistes en tout genre, en se concentrant certaines années surtout sur la musique, de Frank Zappa à David Bowie, de Paolo Conte à Bob Dylan, de Vasco Rossi à Ennio Morricone. Au Mole Vanvitelliana d’Ancône, parmi plus de trois cents photographies, installations, projections, pochettes de disques et films, la carrière d’Harari est retracée en rechargeant la mémoire d’un siècle rock.
Partons du titre de l’exposition, Remain in light, qui positionne au centre de la photographie, et de votre parcours, la lumière.
J’avais ce titre en tête depuis longtemps, avec un autre auquel je pensais cependant, toujours en rapport avec la lumière, mais à connotation négative,
You Want It Darker, d’après une chanson de Leonard Cohen, tirée de son dernier disque. C’est un disque que j’ai beaucoup écouté, qui m’a fortement conditionné psychologiquement et a déterminé une forme d’amoncellement en postproduction des photos de l’exposition et du livre. Puis c’est
Remain In Light que j’ai préféré, aussi parce que l’on sortait de la phase la plus délicate de la pandémie.
Remain In Light est non seulement l’exhortation que le photographe lance à son sujet quand il tend à sortir du cône de lumière qu’il a préparé, mais c’est presque une prière pour que la mémoire ne s’évapore pas, ne soit pas engloutie dans l’obscurité dans laquelle nous vivons. Enregistrer la mémoire de personnes et d’une époque fait partie des missions de cette exposition, dans une époque liquide où tout passe et disparaît très vite.
Ceci se voit beaucoup dans les portraits de certains grands artistes. « Je suis toujours heureux quand Guido me prend en photo, car je sais que ce sera une photo musicale et qu’elle dégagera aussi poésie et sentiment. Les choses qu'il capte avec ses portraits sont en général ignorées par les autres photographes », a dit Lou Reed.
J’ai toujours été très curieux de connaître les personnes derrière les personnages. Jeune, je savais déjà que je ne resterais pas qu’un fan qui consomme disques et concerts de façon passive : les artistes que j’aimais étaient des porteurs sains de culture et d’inspiration. Et la photographie, qui était mon autre passion, m’a indiqué le langage et l’outil pour les approcher. Nombre de mes sujets ont tout de suite compris que les prendre en photo n’était pas un travail, une profession pour moi : il fallait cultiver une sensibilité, une empathie, qui allaient bien au-delà de l’aspect professionnel. Ceci ne s’applique pas qu’aux musiciens, mais à tous les personnages sur lesquels je me suis attardé, de la culture au spectacle, au design, à la mode, au sport, à l’entrepreneuriat, à la science. Une accolade globale.